mercredi 8 novembre 2017

APPEL à ECRITURE ! Pour le N°81 de "PRATIQUES"

Chers auteurs,

Vous trouverez ci-dessous l’appel à écriture pour le Pratiques n° 81. Si le sujet vous intéresse, pouvez-vous nous signaler au plus tôt vos intentions et préciser le sujet éventuel de votre proposition d’écriture afin que nous puissions anticiper et prévoir le nombre de pages que nous pouvons accorder à chacun en fonction de la construction du dossier ?

Comme vous le savez, nous souhaitons laisser ouvert autant que possible et il est toujours possible d’ajuster, mais nous sommes très souvent débordés et contraints de demander des efforts aux uns et aux autres au dernier moment. Pour tenter d’améliorer ce point crucial de notre fonctionnement, merci de nous aider. 

De même, si vous connaissez des personnes qui souhaitent contribuer à ce numéro, n’hésitez pas à nous le faire savoir.

Enfin nous sommes preneurs, pour la partie Magazine, d’articles autour de la santé hors du thème du dossier.

Merci d’envoyer vos propositions à l’adresse de Marie-Odile Herter, secrétaire de rédaction : marie-odile.herter@orange.fr

Au plaisir de vous lire,

La rédaction



Souffrance et douleur

Parution avril 2018

Date limite de réception des articles : 1er février 2018  

La souffrance est devenue un fait de société après avoir été plus ou moins taboue. Evoquée fréquemment dans les médias, elle est banalisée et recouvre indifféremment les difficultés existentielles, les situations provoquées par les deuils, les accidents, les catastrophes, la criminalité ainsi que les contraintes insoutenables liées aux changements de stratégies, profonds et délétères, dans le monde du travail. Les initiatives se diversifient pour répondre ici et là aux situations de crise sans que les responsables politiques semblent soucieux d’envisager une alternative.
L’individualisation des réponses thérapeutiques aboutit à singulariser un mal-être dont les sources sociétales inégalitaires, liées aux politiques nationales et internationales, sont pourtant  soulignées par de nombreux chercheurs et militants. Les psys consultés par les personnes en situation de maltraitance, que ce soit au travail ou au sein de la cellule familiale, tendent souvent à se focaliser sur leurs failles sans prendre en compte le contexte maltraitant.
La mise en place de cellules psychologiques au moindre incident montre que l’environnement social, les liens de solidarité que tissent naturellement les citoyens, ne sont pas pris en compte par les pouvoirs publics. 
Il se développe de ce fait un marché de la souffrance, sur lequel fleurissent de nombreuses initiatives privées (coaching, gestion du stress, divers métiers d’assistance, « thérapies » de soutien plus ou moins fantaisistes sans compter la consommation médicamenteuse sauvage pour « tenir »).
On distingue habituellement la souffrance, plutôt psychique, de la douleur, plutôt physique, même si une douleur persistante peut engendrer de la souffrance. Les douleurs de l’accouchement, traditionnellement considérées comme un passage obligé, n’ont pas nécessairement le même impact selon la pluralité des vécus de la naissance. La réponse invasive de la péridurale remplace souvent l’accompagnement non technicisé tel que proposé par les initiateurs de « l’accouchement  sans douleur ». Les douleurs et souffrances acceptées comme celles liées à la PMA, à la chirurgie plastique, aux transformations sexuelles, identitaires ou initiatiques (tatouages, piercings, inclusions, mutilations sexuelles et autres rites de passage) posent différemment le rapport à la douleur.
Plus généralement d’autres réponses que techniques ou médicamenteuses permettent d’accompagner les personnes lors d’évènements marquants tels que naissance, maladie, deuil. La prise en charge de la douleur s’améliore, mais les soins sont de plus en plus formatés et mécanisés (échelle d’évaluation, protocoles…) lorsqu’ils sont anticipés. La souffrance psychique, elle, est rarement prise en compte car elle n’est pas facilement mesurable et, surtout, n’entre pas dans ce qui est tarifable (T2A). Or, la souffrance comme la douleur demandent du temps d’exploration et d’écoute pour être entendues. En outre, les manières de les ressentir et les exprimer sont aussi soumises à une variabilité culturelle qui doit être prise en compte. Elles sont parfois considérées comme une occasion de progresser dans la connaissance de soi. 
La complaisance avec la douleur comme avec la souffrance empêche la personne de chercher une autre issue. Elle tend, en réduisant les sujets au statut de victimes, à faire disparaître la dimension active et revendicative de leur existence. 

La souffrance et la douleur exposées dans les médias sont instrumentalisées pour des recherches de fonds (humanitaire, Sidaction, Alzheimer et autres recherches...) jouant sur l’émotion voire la culpabilisation du public.